Monaco Hebdo n° 361 - du 24 au 29 janvier 2003

 

Anne-Marie Campora : «Il faut savoir s’arrêter»

Coup de théâtre la semaine dernière, le Maire, Anne-Marie Campora, annonçait qu’elle ne se représenterait pas aux élections communales du 2 mars prochain. Elue depuis vingt ans, et maire depuis douze, elle a décidé de «laisser la place aux jeunes». Et a donc officiellement adoubé Georges Marsan son premier adjoint. Une décision qui intervient quelques semaines à peine avant les élections communales

Pour quelles raisons ne vous représentez-vous pas ? En 1991, lorsque j’ai été élue pour la première fois maire de Monaco. J’étais la première femme a avoir accès à cette fonction. Dès ce moment, je m’étais fait une promesse, celle de savoir un jour m’arrêter. Ce jour est arrivé. Cela fait vingt ans, que j’occupe des fonctions officielles. En 1983, j’ai été conseiller communal. En 1987, je suis devenue premier adjoint au maire et en 1991, nous nous sommes présentés à quinze. Au premier tour, personne n’a été élu. Et au second tour, alors que personne ne pouvait l’imaginer, notre liste est passée. Depuis je n’ai pas arrêté. Quand avez-vous pris votre décision ? J’ai commencé à dresser un bilan à la rentrée, au mois d’octobre. Nous étions arrivés à faire ce que nous avions décidé de faire lorsque nous nous sommes présentés en 1991. Deux éléments essentiels m’ont conduite à prendre cette décision. D’une part, la mairie est structurée comme elle ne l’a jamais été. D’autre part, ceux qui vont prendre la relève, étant donné leur niveau de compétence, sont tout à fait à même de boucler les affaires en cours : l’autonomie, la dotation budgétaire, le plan d’urbanisme commercial… Sans compter les idées neuves qu’ils vont amener. On connaît déjà le nom de la tête de liste. Qui sont les autres ? Je ne peux pas vous les donner pour l’instant. Nous préférons attendre la date du dépôt légal des listes électorales. Il y a cinq postes à pourvoir dont ceux de deux personnes malheureusement décédées, Robert Bellet et Roger Richelmi. Trois personnes s’en vont : moi-même, Marcel Ardisson et Christiane Vannucci. Comment M. Marsan a-t-il été désigné ? Tout simplement, parce qu’il était premier adjoint. En 1999, on avait décidé d’un commun accord que les plus jeunes pourraient prendre la relève dans quatre ans puisqu’ils connaissaient les dossiers. Ce retrait peut-il constituer un préjudice politique pour votre frère, Jean-Louis Campora, tête de liste de l’UND, quelques jours à peine avant les élections nationales ? Non. Pas du tout. De toute façon, en tant que maire je m’occupe des élections nationales uniquement dans le cadre de mes fonctions. De toute façon, quel que soit le nombre de listes et quelles que soient les têtes de liste, tous les candidats seront traités de manière identique. La mairie et le Conseil national ont des rôles très différents. Je garde mon rôle de maire dans la campagne pour les élections nationales. Le Conseil communal et moi-même, nous n’avons jamais organisé nos actions en fonction de ce qui se passait autour. Nous avons toujours eu une ligne de conduite déterminée. Je respecte les autres, qu’on respecte mon choix. La rumeur fait état d’un «pacte de non agression» avec l’UPM de Stéphane Valéri pour les élections communales ? Il n’y a jamais eu d’accord avec Stéphane Valéri. Ces rumeurs ont été lancées par une personne proche du Conseil national. La seule réponse à apporter est : «je n’ai pas de deal avec Stéphane Valéri mais si ça continue je vais me présenter avec lui». Ce qui veut dire en clair et sans boutade que la décision que j’ai prise ne regarde que moi et que je refuse les pressions. Ces bruits proviennent du fait que je reçois tous les Monégasques en Mairie. J’ai reçu Stéphane Valéri qui m’avait demandé un entretien. J’ai aussi reçu des conseillers nationaux le même jour. Ils se sont croisés et les commentaires ont fusé. C’est mon rôle de maire d’accueillir tout le monde, il n’y a pas de problème. Vous avez fait paraître un rectificatif en réponse à l’UMP qui se plaignait de ne pas avoir obtenu la liste des nouveaux jeunes électeurs alors qu’elle en avait fait la demande à l’Etat civil La liste électorale est un tout. Elle comprend deux volumes, hommes et femmes et en aucun cas on ne la saucissonne en différentes catégories, jeunes ou vieux, plus de 50 ans ou moins de 20 ans. L’opposition a demandé la liste électorale en 2002. Comme tous les Monégasques, elle ne pouvait obtenir que la liste 2001 révisée. Cette dernière tombait en effet sous le coup de l’ancienne loi n° 839 qui précisait que la liste électorale est clôturée au 31 mai. La liste électorale révisée 2001 comprend donc les personnes inscrites entre le 31 mai 2001 et le 31 mai 2002. A cette date la liste était clôturée, c’est-à-dire que l’on constatait le nombre d’électeurs. On ouvrait ensuite le tableau de révision sur lequel on notait que X et Y sont susceptibles de devenir électeurs entre le 31 mai 2002 et le 31 mai 2003. Dans ce tableau sont donc répertoriés les jeunes de 19 et 20 ans. Nous venons tout juste de clôturer le tableau de révision de la liste 2002 car la nouvelle loi oblige à clôturer la liste électorale le 31 décembre de l’année civile. Le 16 janvier dernier nous l’avons transmise au Ministre d’Etat. Dès à présent, tout Monégasque peut en faire la demande. Comment trouvez-vous la campagne des élections nationales ? Ce n’est pas la campagne politique que je ferais car elle privilégie trop les querelles de personne. Il ne sert à rien de créer des animosités car une fois l’élection finie, nous nous retrouvons tous pour gérer le pays. Il est vrai qu’on nous a souvent reproché nos querelles avec le Gouvernement. Mais ce n’est pas parce que nous refusons parfois ses décisions, que nous sommes en guerre déclarée. Pour notre part, lors de précédentes élections, nous avons toujours fait une campagne propre sans attaques personnelles. On doit se battre pour ses idées et pour un programme, par pour autre chose. Les Monégasques vous ont-ils posé des questions sur le nouveau mode de scrutin ? Non pas à la mairie. Mais j’espère que les listes vont donner suffisamment d’explications pendant la campagne. De toute manière, nul n’est censé ignorer la loi. Mais nous allons faire une campagne sur le mode de dépouillement. Nous allons convoquer la presse pour l’expliquer (vendredi 23 janvier, ndlr) car on entend beaucoup de choses et leur contraire. A votre avis ces élections vont-elles être plus serrées que les autres ? Je ne sais pas du tout. On a un nouvel électorat. On ne sait pas comment les jeunes et les nouveaux Monégasques vont voter et s’ils vont panacher. La Mairie a en charge les élections, nous nous cantonnons à ce rôle-là. On est au courant de ce qui se raconte évidemment mais on occulte car ce n’est pas notre problème. Nous essayons de gérer le mieux possible les élections, ce qui ne va pas être facile vu le nombre d’électeurs et l’augmentation des candidats. Vous allez vous retirer de la politique définitivement ? Oui. Je vais être libre. Prendre des vacances. Je n’ai jamais connu de mois de mai ou de septembre tranquilles, pourtant ce sont les plus beaux mois de l’année.

Propos recueillis par C. I.

Georges Marsan en bref

 


N é en 1957, à Monaco, Georges Marsan a fait toutes sa scolarité au lycée Albert-1er. Après des études à Montpellier, il s’installe comme pharmacien en 1979 en principauté et reprend la pharmacie familiale que son père tenait place d’Armes. En 1991, il intègre la mairie sur la liste d’Anne-Marie Campora. Une fois élu, il se voit confier le dossier social et devient adjoint au maire lorsque Roger Richelmi décède. Georges Marsan va bénéficier du soutien d’Anne-Marie Campora. Mais il n’en reste pas moins vrai que la défection de cette dernière laisse la porte ouverte à d’autres listes. Jusque-là en effet, personne n’avait osé affronter Anne-Marie Campora. Les choses pourraient être différentes pour le prétendant-sortant.

 



 




 





 

Pour nous contacter Cliquez-ici

(C)opyright 2003 - Monaco Hebdo / SAM EDLA
Tous droits de reproduction réservé